Une étude inédite révèlera bientôt l’impact des écrans sur le développement des enfants et adolescents
Baisse des compétences, amincissement du cortex, solitude, dépression et auto-mutilation : l’impact du temps passé devant les écrans n’est pas négligeable pour vos enfants.
La plus grande étude sur le développement cognitif du cerveau chez les adolescents a débuté aux États-Unis. Pendant 10 ans, plus de 11 000 enfants, âgés actuellement de 9-10 ans, seront suivis par des chercheurs dans 21 centres à travers tout le pays afin de comprendre les relations entre les expériences et leurs effets sur le cerveau en croissance. ABCD Study présente ainsi son concept :
« À l’aide d’une technologie de pointe, les scientifiques détermineront comment les expériences vécues pendant l’enfance (sports, jeux vidéo, médias sociaux, troubles du sommeil et tabagisme) interagissent les unes avec les autres et avec la biologie en évolution de l’enfant pour influer sur le développement du cerveau santé et autres résultats. »
CBS NEWS rapporte les premiers résultats de cette étude, qui portent sur l’impact du temps passé devant les écrans. Chez les enfants qui passent plus de 7 heures par jour devant les écrans, les scans révèlent un « amincissement prématuré du cortex », « la couche la plus externe du cerveau qui traite les informations données par les 5 sens ». Les enfants qui y passent plus de 2 heures par jour « obtiennent des scores plus faibles aux tests de réflexion et de langage. »
Le Dr Dimitri Christakis, de l’hôpital pour enfants de Seattle, parle de l’anxiété des scientifiques. Un enfants de moins de 2 ans n’est pas capable de transférer la connaissance acquise en 2 dimensions sur des tablettes à une connaissance en 3 dimensions. Par ailleurs, il est beaucoup plus sensible à l’aspect gratifiant de cette expérience virtuelle.
« À bien des égards, les enquêteurs, comme moi, craignent que nous ne soyons en quelque sorte au cœur d’une expérience naturelle et incontrôlée sur la prochaine génération d’enfants. »
Tristan Harris est un ancien directeur de Google. Il a été l’un des premiers à reconnaître publiquement que les applications sont conçues pour capter et retenir l’attention des enfants :
« Il existe tout un recueil de techniques permettant de vous habituer à utiliser le produit aussi longtemps que possible. Il s’agit de la guerre de l’attention, de la société et de la technologie. C’est là que cela devient particulièrement sensible… Est-ce que nous voulons que cette guerre, sur le plan du développement, affecte l’attention de nos enfants ? »
Jean Twenge est professeur de psychologie à la San Diego State University. Elle a étudié les changements de comportements et de santé mental des adolescents nés à partir de 1995. Dans les 4 années qui ont suivi l’introduction de l’iPhone, elle a remarqué la hausse du pourcentage d’adolescents se déclarant seuls ou dépressifs.
« Ils sont la première génération à passer l’adolescence avec des smartphones. [...] Ces sondages ne concernent pas seulement la solitude et la dépression. Il est aussi question des visites aux urgence pour automutilation, comme les coupures, qui ont triplé chez les filles de 10 à 14 ans. »
Pour elle, le problème peut tant être lié à ce que ces adolescents font sur leur smartphone, qu’au temps qu’ils y passent. Jean Twenge rappelle que le smartphone doit rester pour nous le brillant outil qu’il est.
« Les smartphones sont de bonnes choses. Ils constituent une technologie formidable. Ils nous permettent de nous repérer, de regarder la météo et de faire toutes sortes de choses. Et si vous le faites pendant une demi-heure ou une heure par jour, c’est bien. Aucun problème. Vous l’utilisez à bon escient. Mais vous devez l’utiliser pour ce qu’il apporte de bénéfique et ensuite le poser. Je veux dire, ce devrait être un outil que vous utilisez. Pas un outil qui vous utilise. »
Cette étude s’interrogera sur une génération d’adolescents tout au long de leur développement cérébral. Ses résultats à long terme permettront de répondre à des questions primordiales dans les années à venir.
La rédaction